Copyright © Boulevard des Bonnes Nouvelles
Design by Dzignine
mardi 12 mai 2020

Pays chéri

Soudain elle surgit, large horizon aux couleurs chaudes de l’Afrique qu’elle côtoie à quelques centaines de kilomètres de là. Par le hublot, un pan nuageux s’entrouvre pour dévoiler les flots bleus bordés d’écume. Se poser sur les flancs de la mer Egée, c’est fouler le sable blond et les galets ronds que surplombent les crêtes enneigées. Atterrir ici, c’est gravir un océan d’oliviers balayés par les vents. Nichés sur les hauts plateaux ou blottis contre la mer de Libye, les villages paressent à lombre dune chapelle blanche aux tuiles rousses qui sommeillent sous un dôme azur. Zeus aurait vu le jour aux confins de cette bande de terre divine, aride et fertile, dans la fraîche profondeur d’une grotte. Depuis, il veille sur les places alanguies à lheure de midi quand la vie est d’huile.
Les heures se sirotent dans le fumet d’une tranche grillée mêlées aux bouffées de jasmin, sous une tonnelle de bougainvilliers ou à labri des tamaris. En cette fin de journée, lair est suave et oriental. Il m’emporte sur quelques notes de lyre, dans une bourrasque de meltémi jusqu’aux pavés dorés de la forteresse vénitienne. Ici, la nuit noire bat comme en plein jour. De mon balcon étoilé me parviennent au loin le doux ballet des haubans, un vague clapotis du ressac et le souffle incessant des climatiseurs. Deux réacteurs tout à coup embrasent le ciel dHeraklion dans un fracas aérien et voilà mon rêve qui s’envole. Pays chéri dont jaime toutes les symphonies, je reviendrai puisque tu chantes si bien cette île « au large de l’espoir où les hommes nauraient pas peur ». (Une île, Jacques Brel)











1 commentaires: