La petite voix dans le poste, lointaine et familière, chemine jusqu’à
mon esprit endormi. L’écho grandit et les images qui peuplaient ma nuit lentement
se figent sur un carré de papier peint. Dans une rafale de mots, le monde
entier se bouscule dans mon vestibule. Une bombe pulvérise un bus scolaire, le
sable devient fioul, la bourse s’effondre, les plages reculent, un troupeau
part à l’abattoir. Dehors la ville est transie et ne se réchauffera qu’en
milieu de journée sous l’effet d’une éclaircie passagère. A plusieurs fuseaux
horaires de là une armée se déchaîne, un pays entier se soulève et je vois dans
mon unique combat le chemin qui mène à la salle de bain.